insectes et petites bêtes
J'ai fait connaissance avec Benoît au festival de Namur où nous avions tous les deux été sélectionnés. Il présentait un superbe petit film intitulé "Source miraculeuse" dans lequel il exprimait déjà sa passion pour la plongée sous-marine et les images en immersion.
La même soirée m'avait fait rencontrer aussi quelques réalisateurs sympathiques et deux photographes:
Gregory Odemer, animalier à la production remarquable (il est auteur notamment d'un ouvrage magnifique "les oiseaux de la plaine d'Ariège" avec une série de clichés sur l'élanion blanc, petit rapace rare inféodé surtout aux Pyrénées)
et Frédéric Labaune, macro et micro-photographe, bricoleur de génie, présent en tant qu'exposant. Deux genres de photographies totalement différents, deux univers passionnants dont j'espère pouvoir parler un peu plus longuement dans un article dédié.
Je vous invite donc à découvrir ce jeune homme prometteur à travers l'interview proposé par Loxia. Merci à Benoît d'avoir accepté de prendre un peu sur son temps libre pour répondre aux questions de loxia.
Philoxia
Loxia : Depuis quand pratiques-tu la vidéo animalière?
B.C. : J’ai commencé mes premières petites prises de vues animalières dès l’acquisition de mon premier petit APN en 2003 qui avait la possibilité de faire des vidéos. Mais, c’est en 2014 après deux stages à l’IFFCAM que j’ai réellement réalisé des petits courts-métrages plus construits et réfléchis.
Qu'est-ce qui t'as amené à la vidéo et plus particulièrement à la vidéo animalière?
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai toujours passé beaucoup de temps à observer la nature. Ça a commencé avec les insectes, les escargots dans le jardin de mes parents. Puis avec des copains en allant jouer à la rivière, où l’on s’amusait principalement à capturer des serpents, des poissons et des batraciens pour les observer et les relâcher. J’ai ensuite élevé des poissons, des phasmes, des chenilles que j’observais devenir papillons, …
Et c’est vrai qu’à l’époque, j’ai été bercé par mon magazine préféré : Wapiti. Je rêvais d’être photographe animalier, aventurier aux quatre coins du monde. Plus tard, je suis passé à la photo puis à la vidéo pour ramener comme des preuves de ce que j’avais pu voir. C’est une manière beaucoup moins traumatisante que de manipuler ou de ramener le dit individu ! Cela a été particulièrement vrai pour mes prises de vues en eau douce, où la majorité des gens ont du mal à se rendre compte de ce que l’on peut y voir. C’était une manière de leur montrer, sans qu’ils aient à se mouiller, et de les sensibiliser.
Quel est ton animal préféré? Vois-tu une raison à ce choix?
Je ne pense pas avoir d’animal préféré, chacun à son intérêt et je peux prendre plaisir à filmer chacun d’entre eux. Ce qui est intéressant, c’est que dans tous les cas, cela nécessite une bonne connaissance de son sujet. Seules de longues observations permettent de pouvoir anticiper les comportements et donc de filmer des scènes intéressantes. C’est vrai pour les oiseaux et les mammifères, mais aussi pour les poissons ou les insectes. De ce point de vue, ce sont les zones aquatiques et ces habitants que je connais le mieux.
Sans trahir de secrets, quelles techniques de chasse photographique affectionnes-tu?
Je suis plutôt du genre à aller à la rencontre de mes sujets par une traque puis une approche délicate, plutôt que d’attendre qu’ils viennent à moi. Avec cette méthode, ça ne marche pas du premier coup ; on se fait surprendre et on peut rater la bonne occasion. On apprend ainsi à connaître les habitudes, les lieux de présence en fonction du moment de la journée ou de l’année et on redouble alors de vigilance lors de l’approche sur le point crucial et l’attente est alors moins longue puisque l’on maximise ces chances de rencontre. C’est cette traque qui m’apporte le plus d’adrénaline et de surprise.
As-tu un modèle parmi les grands noms de la photographie animalière ?
En réalité, je ne sais même pas qui sont les grands noms de la photographie animalière. Et je peux encore moins parler de modèle. Je suis plus un autodidacte et j’essaye de faire comme je le sens, selon ce qui me semble fonctionner.
Mon influence, vient en fait surtout des sports de glisses, des sports de natures, avec des lignes plus punchy, des rythmes rapides,…
Comment te situes-tu dans cet art?
Je ne me situe pas trop pour le moment. J’ai juste envie de partager ce que je vois et de le retranscrire du mieux possible. C’est pourquoi, à un moment, j’ai proposé ce que je faisais à des festivals spécialisés. J’ai eu la chance d’être sélectionné et que ces images soient vues par un plus grand nombre. Ça a été de formidables occasions d’échanger avec des gens professionnels ou non et de mieux comprendre quels sont les ingrédients d’un bon film. J’ai aussi été très touché de voir que les milieux aquatiques, puisque c’était le thème de mes premiers films, avaient pu étonner et aiguiser la curiosité de certaines personnes. Ce n’était à priori pas courant de voir ça.
Quels sont tes projets en cours ?
Je termine actuellement un court métrage de 13 minutes sur ma rivière de prédilection, la plus sauvage et la plus claire de France. Depuis 2014, je réalise des images au fil des saisons et de la vie au sens large de cette rivière pour ce film. Depuis plusieurs années, je filme également en Camargue avec peut-être un projet sous 2 ans d’un court-métrage sur le sujet.
Dans un autre genre, j’ai un court-métrage sur la pêche à la mouche du saumon en Gaspésie au Québec qui va passer sur un festival spécialisé.
Quel est ton grand rêve en vidéo animalière?
Mon rêve serait surtout de pouvoir œuvrer à la préservation de différents environnements, en sensibilisant le public par la diffusion d’images témoignant de leurs beautés singulières et de leur fragilité. En ce sens, si j’en avais les moyens et le temps, j’aimerais faire un sujet sur le Lac Tanganyika en Afrique. Mais je rêve aussi de manchots dans les terres australes, de Casoar en Australie,…
Ton meilleur souvenir?
Un de mes meilleurs souvenirs, est une rencontre fortuite avec un castor. J’étais alors invité à tourner sur une descente de la Sorgue avec Yannick Gouguenheim, photographe subaquatique et Robert Luquès, cinéaste et réalisateur pour le film de ce dernier « La Rivière ». J’étais à la traine en train de filmer une truite quand une masse brunâtre est entrée dans l’eau juste dans le champ ! Je me suis mis à la filmer et à la suivre, la bête massive n’avait pas l’air paniquée ! J’ai d’abord cru à un ragondin, mais c’était en fait un castor. Identification faite je l’ai indiqué à mes compères qui étaient plus en aval. J’ai suivi le castor descendre le courant, puis le remontant tout en me passant en dessous à moins de 50 cm ! Ça tombait bien, j’étais en grand angle ! Yannick, a finalement réussi à remonter le courant, juste le temps de prendre 2 photos et le castor s’en est allé ! J’ai ainsi passé près de 5 minutes en suivi au plus proche de ce castor ! Inoubliable dans ces eaux si claires, mais physique avec le courant qu’il y avait !
Ton plus grand regret ?
Je n’ai pas de grand regret. Ou peut-être de ne pas avoir commencer plus tôt ! Mais au moment où j’avais le temps, c’est à dire quand j’étais ado et jeune adulte, les moyens matériels n’étaient pas les mêmes et surtout plus onéreux !
Quel conseil donnerais-tu à un débutant ?
J’ai appris que le plus important, c’est de pourvoir raconter une histoire. De belles images, c’est bien, mais il faut surtout qu’elles puissent s’insérer dans un tout qui a du sens. Il ne faut pas oublier de faire pleins de plans de raccords et d’ambiance pour arriver à faire les jonctions, transitions et servir la narration.