Pendant la fête d’Halloween, on joue à s'effrayer avec des monstres bien inoffensifs. A cette occasion, je vous invite à vous faire peur en imaginant que les petites bêtes que nous écrasons tous les jours sans même les voir ont brutalement changé de taille ramenée à notre échelle.
Petite balade en compagnie de ces petits monstres qui vivent cachés dans nos maisons et dont la présence est en général ignorée.
Parmi ces petites terreurs, les araignées occupent une bonne place. Sans même les imaginer plus grosses, elles effraient un nombre conséquent de personnes. Pourtant, peu d'espèces sont réellement dangereuses et, sous nos latitudes, la quasi totalité de ces arachnides sont totalement inoffensifs. Mieux encore, ce sont des prédateurs qui nous débarrassent d'un nombre important d'insectes indésirables: mouches et moustiques en particulier. Parmi les araignées des maisons, on trouve au moins deux espèces courantes: les tégénaires et les pholques. Ces derniers sont particulièrement efficaces et la confrontation avec les tégénaires, pourtant plus grosses et impressionnantes, tourne généralement à leur avantage. Le maigrichon terrasse le colosse.
Tégénaire (tegenaria domestica) sera plutôt observée dans les caves et sous-sols. Elle est parfois la proie des pholques (ci-dessous) qui se tiennent, eux, plutôt dans les pièces à vivre.
D'autres araignées sont aussi présentes. Parmi elles, l'araignée Nosferatu (Zoropsis spinimana) qui a déjà fait l'objet d'un article sur Loxiafilms. Cette frileuse se réfugie parfois dans les maisons pendant l'hiver. Elle repart dès que les températures deviennent plus clémentes.
Zoropsis spinimana, l'araignée Nosferatu se réfugie parfois dans les maisons à la mauvaise saison.Ci-dessus une femelle.
Il n'est pas rare de voir soudain un petit pensionnaire rayé plein de pattes courir avec vivacité sur le sol de la cuisine ou des toilettes. C'est un joli mille-pattes appelé scutigère véloce (Scutigera coleoptrata) qui achève son escapade nocturne.
Les photos ci-dessous sont loin d'être parfaites mais permettent de constater que ce petit carnivore est doté, à son échelle, de mâchoires en crochets particulièrement impressionnantes.
14 paires de pattes sur 7 anneaux: la scutigère véloce (Scutigera coleoptrata) n'a pas mille pattes mais c'est déjà beaucoup...
On est finalement bien content que la taille de ce petit monstre reste de l'ordre de quelques centimètres. Vous pouvez tenter de l'attraper à mains nues: les crochets ne sont pas suffisamment puissants pour percer la peau et, en général, l'animal ne tente pas de mordre. Le risque est surtout de blesser notre petit ami.
Comme les araignées, les scutigères effraient. Vraisemblablement à cause de leurs nombreuses pattes. A notre échelle leur tête serait vraiment impressionnante !
L'été, nous sommes régulièrement importunés par la guêpe commune. Ce sont évidemment les piqûres de l'insecte que nous craignons. A notre échelle, la visite d'un tel citoyen provoquerait sans nul doute une véritable panique !
Les guêpes communes sont redoutées pour leur piqûres douloureuse. Elles le seraient encore plus si leur taille avoisinait la notre...
Un grand nombre d'insectes ne suscite pas d'effroi particulier. Cependant, vus de très près, nul doute que leur aspect en surprendrait plus d'un!
Ci-dessous, la mouche soldat noire (Hermetia illucens) avec ses gros yeux à facettes bariolés.
En général, on aime les papillons. Ils sont souvent comparés à des "fleurs vivantes" (comme si les fleurs n'étaient pas vivantes!). Ci dessous, un beau papillon, la grande tortue (nymphalis polychloros) fait admirer sa voilure. Mais trouverions nous cette espèce aussi jolie si, soudain, sa taille était multipliée par 10 ou 15 ? Il est probable que sa tête ne nous reviendrait pas !
La grande tortue se réfugie souvent dans les habitations pendant l'hiver. Suspendue dans un coin d'un grenier ou d'un garage, elle attend des températures plus clémentes pour reprendre son activité. Son immobilité parfaite permet de lui tirer le portrait en toute tranquillité.
Grande tortue vivante prise en focus stacking. L'aspect des yeux poilus de l'insecte n'est pas le moins étonnant.
Point rapide sur les arthropodes
Tous les animaux photographiés dans cet article appartiennent au grand groupe des arthropodes. Étymologiquement, ce terme signifie "pattes articulées". En fait ces animaux possèdent tous un squelette externe mis en mouvement par une musculature interne (Par comparaison, les vertébrés possèdent à l'inverse un squelette interne sur lequel s'insèrent des muscles qui le mettent en mouvement). L'embranchement des arthropodes regroupe actuellement un nombre impressionnant d'espèces estimé à 10 millions dont seulement 1 million serait identifiées et décrites1.
On distingue à l'intérieur de l'embranchement des arthropodes quatre sous-embranchements:
Les chélicérates parmi lesquels on trouve les araignées, les myriapodes ("mille-pattes"), les crustacés et les hexapodes qui comprend les insectes.
Un groupe fossile, les trilobites, constitue un sous embranchement aujourd'hui éteint.
1Les seuls insectes comptent 1,3 millions d'espèces décrites ce qui représente 85% de la biodiversité animale.
En savoir plus sur les arthropodes
Muséum National d'Histoire Naturelle
Crédit photos et montages "phodessins" : © Loxiafilms / Philippe Parolini - 2024, sauf
Eumillipes_persephone d'après ©Paul Marek in Wikipedia,
Limule (Tachypleus tridentatus) d'après ©Didier Descouens
Trilobite d'après ©trilobite.info
Crabe (Cancer_pagurus) d'après ©Hans Hillewaert in wikipedia
Scorpion d'après © Shantanu Kuveskar in wikipedia