insectes et petites bêtes
Avant qu'on ne l'aperçoive, on l'a déjà repérée: en couple ou, plus rarement, en petite troupe, elle s'agite, se chamaille avec ses congénères avec force bruit: claquements et caquètements. Cagoule noire, gilet blanc et veste sombre aux reflets irisés, c'est la pie.
Même en étant néophyte, difficile de confondre cet oiseau là avec un autre, sauf à souffrir d'agnosie visuelle, être très myope ou le faire exprès.
Bien qu'elle soit l'une des espèces les plus familières en milieu urbain, la pie, comme la corneille noire et les autres corvidés, reste méfiante à la campagne et, en général, ne se laisse observer que de loin. L'admirer de près dans son élégant costume noir et blanc reste un privilège. Bien présente dans l'imaginaire populaire, la pie peut être considérée comme un célèbre inconnu dont le comportement n'a vraiment été étudié qu'à partir des années 80.
Côté préférences alimentaires, c'est une nettoyeuse de petits cadavres et une consommatrice de fruits et de baies. Côté obscur, elle a une fâcheuse tendance à dévorer œufs et nichées d'autres oiseaux, certains couples écumant systématiquement les buissons aux alentours de leur nid. En cela pourtant, elle n'a pas l'exclusivité, puisque geais, corneilles et même le si sympathique et mignon écureuil s'adonnent aux mêmes méfaits, sans parler des dégâts occasionnés par les chats (pour ces derniers, l'impact de prédation est difficile à évaluer mais on peut prévoir qu'il est important).
La corneille noire et le geai pillent volontiers le nid des autres oiseaux, celui de la pie aussi parfois.
On se gardera de juger négativement tous ces honnêtes pirates qui contribuent ainsi à l'équilibre des populations de petits passereaux. Ajoutons à cela la curiosité naturelle de la pie qui la pousse à garnir son nid d’objets hétéroclites et son attirance pour les objets brillants qui lui a valu une réputation de voleuse1 en plus de « nuisible » avéré, justifiant la persécution qu’elle a subi dans les campagnes.
A l’inverse, certains amateurs d'oiseaux l'élèvent. Elle se montre alors aussi intelligente qu'attachante, suivant partout son maitre.
C'est au sommet d'un grand arbre que la pie construit un nid volumineux muni d'un toit et d'une entrée latérale. De loin on pourrait le prendre pour une boule de gui. A partir d'avril, elle y pond 4 à 8 œufs.
Ici, une pie a installé son nid au sommet d'un châtaignier.
En pleine lumière, les rémiges et les rectrices de la pie ont de beaux reflets irisés.
La pie gourmande accepte volontiers les appâts offerts par l'observateur. Reliefs de repas, déchets de viande, miettes de pain ou de gâteau, tout fait ventre. L'occasion de la voir de près à condition de rester très discret.
Si vous ne l'avez pas encore vue, elle vous a déjà repéré, prête à s'envoler.
La pie ne chante pas. Comme les autres corvidés, elle émet des cris peu mélodieux. Ci-dessous le chant agréable du merle se mêle aux jacassements de la pie.
Quelques repères
Longueur: 44-56 cm (dont queue 20-30 cm) Poids: 190-250 g
Dimorphisme sexuel peu marqué: les mâles sont légèrement plus grands que les femelles.
En savoir plus : Pie bavarde Wikipédia
1. Le compositeur italien J.Rossini est l'auteur d'un opéra en deux actes "La pie voleuse" ("La gazza ladra" créé en 1817 à la Scala) dans lequel la malheureuse Ninetta est accusée du vol d'une cuillère en argent dérobée...par une pie !
Crédit photos: © Loxiafilms / Philippe Parolini - 2020